Depuis l’Antiquité, de nombreux écrits font état de la présence, en abondance, de miel dont la production résulte alors d’une activité de cueillette : « les corses se nourrissent de lait, de miel et de viande que le pays produit en abondance… ».
Des ouvrages anciens signalent aussi que la quantité de cire était telle « qu’elle suffisait à la consommation des églises de Rome » (Abbé della Rocca, 1787).
DE TOUS TEMPS, LES CORSES ONT ÉTÉ APICULTEURS!
Dès que l’apiculture a dépassé le stade de la cueillette, les apiculteurs ont conçu des outils adaptés aux exigences de leur métier. Il utilisait notamment un enfumoir « a fumarola » en terre cuite amiantée dans lequel il brûlait entre autre de la bruyère ou encore de la bouse de vache séchée. Pour ouvrir la ruche (en bois de châtaignier), l’apiculteur se protégeait avec un masque métallique « a mascara ».
Au-delà les différents outils qui ont pu être retrouvés, l’apiculture a laissé un témoignage de sa vitalité : ce sont les ruchers « arnaghji » traditionnels. Des vestiges de ceux-ci ont pu être localisés dans le département de la Haute-Corse sur le territoire de la commune de Venaco : le rucher des Caselle est un mur long de 15 mètres et profond de 10 mètres, où sont recensés 75 trous d’envol et avec couloir d’1m30 permettait de circuler derrière ce mur. Selon les témoignages des descendants des exploitants de ce rucher, celui-ci existait déjà en 1840.
Par ailleurs dans de nombreuses maisons corses il existe des ruches « una piatta » encastrées dans les murs des maisons d’habitation.
L’APICULTURE EST UNE CONSTANTE DE L’HISTOIRE DE CORSE
A des périodes de grand dynamisme a succédé une phase de récession due à des pertes démographiques subies lors des différentes guerres, à l’assainissement des plaines au DDT et à une épidémie d’acariose.
A la sortie de la 2ème guerre mondiale, l’apiculture est quasiment oubliée sauf dans quelques villages à tradition apicole forte : Quenza, Bastelica, Belgodère, Moltifau et Castifau. Les noms mêmes de ces villages sont fortement marqués par l’apiculture (Moltifau signifie littéralement de nombreux rayons et Castifau signifie le château des rayons).
En dépit de la création de syndicats et sociétés d’apiculture, l’activité restera stagnante jusqu’en 1975.
A partir de 1976, les apiculteurs se rencontrent et bâtissent un véritable plan de développement de leur filière. Les premiers travaux de recherche-développement sont mis en place, notamment sur la caractérisation du cheptel en vue de sa sélection ainsi que sur le produit permettant de constituer un véritable référentiel (traitement informatisé des données de l’analyse pollinique).
Signalons que le miel corse a remporté la Grande médaille d’or à l’exposition universelle de Londres en 1982.
Aujourd’hui, l’apiculture constitue à nouveau l’activité principale pour une majorité d’exploitants producteurs.